Bioéconomie Une stratégie nationale pour la biomasse
Le ministre de l’Agriculture présente ce mercredi 18 janvier en conseil des ministres une stratégie nationale pour soutenir la bioéconomie. Un comité stratégique sera mis en place pour débattre des mesures qui seront prises.
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Officiellement c’est une stratégie d’encouragement et de cohésion. Mais il s’agit aussi de mettre de l’ordre dans les filières éparpillées de la biomasse. Stéphane Le Foll présente pour cela une « stratégie bioéconomie pour la France » en conseil des ministres ce mercredi 18 janvier à l’Elysée. Elle sera suivie par la mise en place d’un comité stratégique « le plus large possible », explique-t-on au ministère. Celui-ci devra mettre en place et suivre un plan d’actions « partagées » dans les mois suivants.
L’emploi et l’innovation en ligne de mire
Les motivations du ministère de l’Agriculture, qui travaille sur ce sujet de la bioéconomie depuis 2014, sont de plusieurs ordres. Le premier est la création d’emplois non délocalisables grâce à la production locale et aux fonctionnements économiques en « circuits courts ». La seconde est d’éclaircir l’environnement des filières pour « ne pas produire de biomasse s’il n’y a pas de débouchés ». Le ministère souhaite également pousser la production vers un système plus vertueux mêlant productivité et écologie, ce qui revient à ses yeux aux valeurs de l’agroécologie. Enfin, il veut encourager l’innovation et le développement de nouvelles filières.
Un comité stratégique large
Trois grands domaines sont concernés par cette « économie de la photosynthèse ». Alimentaire, matériaux biosourcés et énergie concentrent l’essentiel des enjeux. C’est le ministère de l’Agriculture qui pilotera la « stratégie bioéconomie », en lien avec les ministères de l’Écologie, de l’Enseignement et de la Recherche, et avec Bercy. Le comité stratégique qui doit être mis en place devrait être composé des mêmes organismes consultés pour la mise en place de la stratégie sur la bioéconomie pour la France ». Outre les quatre ministères précités, il devrait donc rassembler « l’amont agricole et forestier », soit leur représentation politique et technique, l’industrie de la chimie du végétal, des biomatériaux ainsi que la société civile via des ONG. Le ministère souhaite ainsi travailler avec un comité le plus large possible, cela pour partager largement les décisions et avancer sur les débats non tranchés.
Les biocarburants, les insectes et l’horticulture en débats
Les débats les plus sensibles devraient porter sur les valorisations alimentaires ou non alimentaires des productions. Les biocarburants conventionnels formeront l’un des sujets mis sur la table, voire remis en question. D’autant que, non seulement la Commission européenne veut voir sa part diminuée, mais aussi que le ministère souhaite avancer sur les biocarburants avancés, notamment ceux produits à partir de ressources lignocellulosiques. Le ministère souhaitera aussi statuer sur des filières mises en difficulté, comme l’horticulture qui a vu son taux de TVA grimper de 5,5 à 10 % par l’application d’une directive communautaire. Des dispositifs fiscaux seront envisagés, par exemple sur les prestations. D’autres types de débats devront être tranchés, notamment l’utilisation d’insectes. Selon le ministère, il faudra observer « l’existence d’un marché, regarder l’intérêt à en produire, et soulever les questions réglementaires ».
La méthanisation et les matériaux biosourcés aussi concernés
En plus des biomasses agricoles et forestières précitées, cette stratégie sur la bioéconomie concerne aussi la biomasse marine, les biodéchets, les biocarburants, le bois énergie et la méthanisation, les matériaux biosourcés, l’alimentation et enfin, les biomolécules. Le ministère de l’Agriculture estime à 1,9 million le nombre d’emplois de la bioéconomie dans les territoires. Les pouvoirs publics font en outre savoir que le chiffre d’affaires annuel des filières de la bioéconomie s’élève à 300 milliards d’euros. 10 % de la chimie et des matériaux et 50 % des énergies renouvelables seraient issus de la biomasse.
Vincent Gobert
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